Homélie de l’Abbé François CADIET, chapelain de la confrérie des pénitents gris
Mes biens chers frères,
Voici qu’aujourd’hui nous fêtons en ce jour de Pâques, la victoire sur la mort. Fête
un peu particulière en plein temps d’épidémie, temps curieux de confinement,
d’attente au fond d’une solution, d’une sortie de crise.
Attente aussi d’un vaccin, de pouvoir reprendre une vie normale, attente d’une
solution humaine. Attente d’un remède contre la maladie.
Dans la période que nous vivons, on voit toute la tristesse de l’homme face à son
destin de malade, de souffrance et de mort, qui à la fois provient d’une crise
sanitaire, d’un vrai virus mais d’une manière générale qui nous est imposé en tant
qu’homme.
En effet, tous un jour nous mourrons, quelqu’en soit la cause, la vie terrestre se
termine.
Il est bien sûr nécessaire de connaître les maux et de se battre contre les maladies,
de se soutenir les uns les autres devant la souffrance, de s’accompagner, de
soulager et de défendre la vie sans jamais volontairement y mettre un terme.
Mais dernière cette légitime résistance que l’homme oppose à la maladie, il pourrait
y avoir une tentation de penser qu’il doit bien y avoir l’herbe médicinale, le remède
définitif contre la mort.
Tôt ou tard, il devrait être possible de trouver le remède non seulement contre telle
ou telle maladie, mais contre la véritable fatalité – contre la mort. En somme, le
remède de l’immortalité devrait exister. Aujourd’hui les hommes sont à la
recherche de cette substance miraculeuse qui nous ferait échapper à la mort. La
science médicale s’efforce, non d’exclure à proprement parler la mort, mais d’en
éliminer le plus grand nombre possible de causes, de la reculer toujours plus ; de
procurer une vie toujours meilleure et plus longue.
La tentation de rechercher une vie interminable serait, non pas un paradis, mais
plutôt une condamnation.
Mais la maladie est là aussi pour nous maintenir dans l’humilité de notre condition
et pour nous apprendre, ou réapprendre à aimer, à quitter le confort de la
consommation pour expérimenter la faiblesse et la pauvreté.
Mais en réalité, chers amis, le véritable remède contre la mort devrait être
différent. Le véritable vaccin ne devrait pas apporter simplement un prolongement
indéfini de la vie actuelle mais devrait transformer notre vie de l’intérieur. Elle
devrait créer en nous une vie nouvelle, réellement capable d’éternité : elle devrait
nous transformer au point de ne pas finir avec la mort, mais de commencer
seulement avec elle en plénitude.
La nouveauté et l’inouï du message chrétien, de l’Évangile de Jésus-Christ, était et
est encore maintenant ce qui nous est dit : oui, cette herbe médicinale contre la
mort, ce vrai remède de l’immortalité existe. Il a été trouvé. Il est accessible. Dans
le Baptême, ce remède nous est donné. Une vie nouvelle commence en nous, une
vie nouvelle qui mûrit dans la foi et n’est pas effacée par la mort de la vie ancienne,
mais qui, seulement alors, est portée pleinement à la lumière. Le vrai remède c’est
la grâce qui nous est donnée au baptême.
C’est pour cela que les baptêmes se célèbrent traditionnellement à Pâques car c’est
l’heure du salut, de la guérison, du renouveau, de la vie nouvelle qui nous est
donnée.
C’est pour cela que nous allons, ici, et chez vous, renouveler les promesses du
baptême.
Le baptême, c’est ainsi se revêtir de l’habit de Dieu.
Ce changement de vêtements est un parcours qui finalement dure toute la vie. Ce
qui se produit au Baptême est le début d’un processus qui embrasse toute notre
vie ; nous rend capable d’éternité, de sorte que, dans l’habit de lumière de Jésus
Christ, nous pouvons apparaître devant Dieu et vivre avec Lui pour toujours.
Chers amis, en ce temps de confinement, ne l’oublions donc pas, le vrai remède
c’est le Christ qui nous l’apporte, ce remède nous apporte la guérison des péchés et
nous ouvre les portes de la vie non pas terrestre qui ne dure qu’un temps mais bien
de la vie éternelle, celle qui dure toujours.
Les apôtres aussi étaient en ce samedi saint dans une attente et ils ne savaient
même pas de quoi. Jésus était mort, tout était fini, ils étaient hébétés, abasourdis
par le drame, par la solitude, vivre sans le Christ !
Mais une fois qu’ils ont vu le Christ ressuscité alors leur attente a été comblée, leur
tristesse s’est changée en une joie incommensurable et après la Pentecôte ils sont
allés annoncer partout la bonne nouvelle du salut.
Sans la Résurrection, notre foi est vaine nous dit saint Paul, alors en cette si belle
fête de Pâques que le Seigneur soit pour nous tous, dans nos familles le vrai vaccin
qui guérit, et donne la vie.
La seule qui savait, le samedi saint, ce qui se passait, c’est Marie, celle qui la
première a dit oui, celle qui est la première à nous montrer le chemin de son Fils.
Elle qui fut toujours là et qui comme une mère nous aime, nous console et nous
accompagne.
Qu’elle nous apporte en cette fête de Pâques la joie du Ressuscité, de celui qui
guérit et qui apaise. Qu’il soit notre force dans ce que nous avons à vivre
aujourd’hui.