Le 30 novembre 1433, à la suite de pluies torrentielles, les eaux du Rhône et de la Durance conjuguées, envahissent la ville. Nos prédécesseurs, Confrères Pénitents, soucieux de protéger le Saint Sacrement exposé en permanence dans la Chapelle, se dirigent en barque sur les lieux. A leur grande surprise, les eaux remontées contre les parois de la nef, formant comme une muraille de part et d’autre de l’allée centrale, laissant le passage libre pour leur permettre d’accéder jusqu’à l’autel, à pied sec, et sans que le saint sacrement n’eût à souffrir des intempéries. Ce miracle constaté par plusieurs Confrères Pénitents, mais aussi par douze religieux et prêtres du convent mitoyen des Cordeliers, ce miracle fut l’occasion de donner un nouvel essor à la dévotion pour l’Adoration du saint sacrement exposé dans notre Chapelle depuis 1226.
Depuis, chaque année, les frères Pénitents commémorent ce miracle de la séparation des eaux en remontant la nef de la chapelle, à genoux, la corde autour du cou, pieds nus et coiffés de la cagoule, après avoir pieusement baisé la croix incrustée dans le sol. Ce rituel très particulier, reprend l’attitude et les gestes de Moïse dans l’épisode du Buisson Ardent. Antérieurement aux années 1970, cette cérémonie se déroulait après avoir fermé les grilles de la nef du miracle. En effet, seuls les pénitents se trouvaient dans le sanctuaire tandis que les fidèles restaient derrière les grilles dans la chapelle hexagonale. A la communion, les grilles étaient ouvertes pour permettre aux fidèles d’aller s’agenouiller à la table de communion pour y recevoir la Sainte Eucharistie.
Depuis quelques années, et quand ils le peuvent, les Confréries de Valréas, les Noirs et les Blancs, se joignent à nous et participent à cette dévotion. Cette présence extérieure renoue avec une tradition séculaire, qui voulait que cette commémoration soit aussi un pèlerinage. Ainsi, chaque année, au XVII et XVIIIème siècle, des Confréries venaient dans ce lieu protégé, les plus éloignées venaient de Toulouse, rendre hommage à Notre Seigneur dans le lieu même qu’Il avait choisi pour montrer sa puissance aux yeux des hommes comme Il le fit à Moïse.
Ce Miracle de la Séparation des Eaux, nous replonge dans l’histoire de l’Ancien Testament, quand le peuple juif fuit l’Egypte et le monde pour se diriger vers la Terre Promise. Cette errance du peuple juif, en fuyant le monde, lui donna le statut de peuple élu, choisi par Dieu. Le Miracle de la Séparation des Eaux de 1433, rappelle les épisodes de l’Ancien Testament comme celui du Buisson Ardent, celui du Passage de la Mer Rouge ou encore du Passage de l’Arche d’Alliance dans les Eaux du Jourdain, mais au lieu de nous demander de fuir le monde, il nous oblige au contraire, à rester dans ce monde pour y œuvrer.
Cette marche pèlerinage nous met sous la protection de Notre Seigneur pour affronter les intempéries que nous aurons tous a connaître. Pour entrer dans la maison de Dieu, il faut franchir un seuil, symbole du monde blessé par le péché pour aller vers le monde de la Vie Nouvelle.